Introduction
Hier, j’ai lu un court article dans le magazine Indie Author Magazine qui m’a interpelé. Intitulé Harnessing Curiosity: The Antidote to Ambition’s Unyielding Grip on Creativity par Laurel Decher, il parlait de comment l’ambition peut tout ruiner. Dans son article, Laurel préfère redéfinir le terme pour lui donner une connotation qui a plus de sens pour nous, qui nous motive davantage et surtout, nous évite de nous brûler les ailes.
L’ambition : un couteau à double tranchant
Avez-vous également aperçu le côté sombre de l’ambition, celui qui consume votre énergie et détruit l’amour que vous portez à votre histoire et à vos personnages ? Cet amour est pourtant le même qui alimente ces profondes épiphanies, ces passages lyriques, ces poussées de croissance inattendues chez vos personnages, ces connexions significatives, et tous ces ingrédients magiques qui enchantent vos lecteurs et donnent du sens à votre récit…
Mon défi : 12 romans en 12 mois
Cela m’a fait réfléchir à ce dans quoi je me suis embarquée cette année, à ce défi qui est le mien, ce challenge de 12 romans en 12 mois avec le Phénix Sports Club. Pourquoi est-ce que j’ai eu envie de me lancer là-dedans ?
Pourquoi ce défi ?
Dans un premier temps, je voulais me détacher de La Perle, me créer une autre série, sans pour autant construire quelque chose avec des tomes. Même si La Perle peut a priori se lire dans le désordre, les romans sont malgré tout liés les uns aux autres, ce qui implique qu’il est préférable de les suivre. Lire La voix des femmes avant Classe Affaires n’aurait aucun sens, par exemple. Je voulais donc me détacher de cette contrainte.
Néanmoins, j’avais envie d’un lien entre tous mes romans, que les lectrices puissent se rattacher à quelque chose, qu’elles aient envie de se dire : « Est-ce qu’il y en a d’autres du même genre ? »
Construire une indépendance financière
Je voulais aussi tenter de voir si j’étais capable de me générer un revenu stable, de mois en mois. Cela reste mon grand objectif, celui que je poursuis maintenant depuis plusieurs années avec, en ligne de mire, une indépendance d’autrice.
En publiant de manière plus ou moins erratique, ce n’est possible qu’avec un système bien en place, ce que je n’ai jamais installé. Alors je me suis dit que si je publie de manière continue, peut-être que j’aurais là un embryon de solution.
Un défi pour me dépasser
J’aime me challenger, me fixer des défis qui, sur le papier, me paraissent difficiles à réaliser. J’aime me surpasser dans ce domaine. Cela me bouscule, me force à sortir de ma routine, de ma zone de confort, de ma facilité. C’est quelque chose que j’apprécie grandement parce que, lorsque je me retourne sur moi-même, je peux me dire : « Ah oui, je l’ai fait ! »
Le revers de la médaille
Cette ambition est-elle trop grande ? Vais-je me brûler les ailes ? Peut-être. Les intentions sont-elles louables derrière ? Dans son article, Laurel nous met en garde contre la poursuite de nos ambitions et son revers, le risque qu’en chemin, nous y perdions notre âme. Pour nous, auteurs, ce serait notre créativité, le goût même d’écrire. Sous la pression, tout risque de partir en fumée.
Trouver un équilibre
Et c’est vrai que le risque est réel. Je me rends compte, par exemple, qu’à peine Programme Libre sorti, je dois me pencher sur Le Sentier du Nord, mon roman à paraître en février. Pas de véritable temps mort, pas le temps de souffler ni de digérer.
Si je perds trop de temps, je ne l’aurai pas écrit dans les délais, il ne sortira pas le 15, et tout mon calendrier – et donc mon challenge – sera fichu. C’est effectivement une pression énorme qui peut gâcher mon plaisir.
D’un autre côté, cela me force à appréhender cette tâche comme un travail et donc, à me professionnaliser. Quand je me rends chaque matin à mon boulot, je ne me pose pas un million de questions : j’y vais et je fais ce que j’ai à faire.
Vers la professionnalisation
Ici, c’est la même chose. Je sais que j’ai un roman à écrire. Je ne devrais pas me dire, sous prétexte que je suis autoéditée et que je n’ai de compte à rendre à personne, que j’écris quand je veux, je sors mon roman quand je le désire. Non, en m’imposant ce timing, je m’impose des deadlines et me considère comme une professionnelle qui a un travail à rendre dans un délai imparti. Point.
N’est-ce pas ce que je voulais ? Devenir une pro ? Si la réponse est oui, alors je ne devrais pas parler de surmenage, de pression et de toutes ces choses qui n’existent pas dans mon travail alimentaire. Pourquoi ce qui n’est pas dans le boulot que je fais pour autrui devrait l’être dans ce que je fais pour moi ? Cela paraît tellement surréaliste.
D’ailleurs, cela m’évoque une phrase que j’ai un jour entendu Jim Rohn prononcer :
« Les gens travaillent plus dur pour les autres qu’ils ne le font pour eux-mêmes. »
C’est vrai. À bien y songer, c’est tellement vrai.
Conclusion
Alors non, je tiens à ce challenge pour le résultat final, cette collection de romans, et pour ce qu’il aura fait de moi à la fin de l’année. D’ici là, je veille quand même à ne pas perdre le plaisir d’écrire et n’oublie pas de souffler. Mais ça, ça ne risque pas.