Entre appréhension et excitation, la sortie d’un roman

Alors que mon nouveau roman The Way She Looks est entre les mains de mes lectrices, les émotions qui me balaient sont nombreuses.

Tout d’abord, il y a de l’excitation. C’est toujours un sentiment particulier que de voir l’histoire que l’on a écrite prendre vie et partir à la rencontre d’inconnues.

Et puis, on dit au revoir pour de bon.

Tess et Amy m’ont accompagnée pendant plusieurs mois. Elles ont fait partie de ma vie un peu comme à l’époque où je partais en voyage avec des amis. Nous faisions des autotours à l’autre bout du monde, et vivions ensemble pendant 15 jours, trois semaines. Pendant ce temps, nous partagions repas et découvertes, fous rire, disputes et coups de stress. L’aventure était quotidienne. Et comme nous étions en terre lointaine, des frenchy à l’étranger, nos liens se resserraient. A la fin de notre périple, quand nous nous séparions à l’aéroport, le cœur était lourd. Nous nous quittions plein d’émotions, conscients que plus rien ne serait pareil.

C’est ce que je ressens avec mes héroïnes. A partir du mot fin et plus encore maintenant que le roman est sorti, et que nos chemins se séparent, je suis triste, un peu orpheline et déjà nostalgique.

Je suis également très curieuse de savoir comment elles vont s’en sortir. Autant vous dire que je guette les premiers retours le cœur battant. Je sais pourtant qu’il ne faut pas vivre suspendu à un classement, des commentaires ou des étoiles.

Unmberto Eco a dit :

Il y a deux sortes de livres, celui que l’auteur écrit et celui dont le lecteur prend possession.

Je suis complètement d’accord. Ma version de l’histoire et celle de chaque personne qui la lira, seront différentes. Nous avons tous des filtres par lesquels nous appréhendons le monde, des filtres liés à notre histoire personnelle, nos émotions, nos attentes… Ce que j’ai écrit ne sera pas nécessairement ce qui sera lu et les avis en seront impactés.

Malgré tout, les premiers retours sont un instant vraiment stressant parce que, que je le veuille ou non, l’avenir de mon roman en dépend. Soit ils donneront envie à d’autres de le lire, soit ils les inciteront à passer leur chemin. C’est tout, c’est comme ça. C’est le jeu auquel j’ai choisi de jouer.

Il en vaut quand même le coup. Les réactions de mes lectrices, leurs réflexions et même leurs critiques constructives m’aident à m’améliorer, à me remettre en question, à chercher comment leur offrir une belle expérience de lecture. J’adorerais lire que grâce à The Way She Looks, elles se sont évadées. Qu’elles ont trouvé dans ce roman une source de divertissement, un moment de pause hors du temps et peut être, pourquoi pas, du réconfort si dans leur vie, quelque chose ne va pas comme elles le veulent. La lecture a cet effet sur moi ; j’imagine qu’elle peut l’avoir sur d’autres personnes. Découvrir qu’elles se sont senti mieux après avoir lu Alice Lipsey serait un véritable honneur.

Je me sens en tout cas reconnaissante pour l’opportunité qui m’est donnée de partager mes mots avec le reste du monde (tant qu’à y faire, voyons grand !). Il y a une part d’appréhension, bien sûr, car chaque page écrite est un morceau de moi que je divulgue aux autres, mais c’est cette vulnérabilité qui rend chaque publication si spéciale. On s’expose, on prend des risques, et je vous dirais volontiers qu’en tant que romancière, on se sent particulièrement vivante. Toute petite, mais vivante.

Et si ce roman trouvait son chemin vers les liseuses, les étagères et les cœurs d’un tas de lectrices, je serais, cerise sur le gâteau, une romancière comblée.

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