Comment écrire une romance lesbienne, même si vous n’êtes pas lesbienne

La romance lesbienne est un genre littéraire populaire qui attire de plus en plus de lectrices. Cependant, lorsqu’on souhaite en écrire, on peut se demander si, pour peu qu’on ne soit pas lesbienne, on est légitime. Est-ce que notre orientation sexuelle devrait présider à nos choix quant il s’agit d’écrire un roman ?

Mon parcours personnel

La première fois que j’ai voulu écrire une romance lesbienne, je me suis posé cette question. Suis-je légitime ? Suis-je la personne la mieux placée pour écrire ce type de roman ? Après tout, je suis en couple avec un homme depuis des années et je ne connais pas du tout le monde lesbien. J’écrivais des portraits de femmes, j’ai voulu écrire celui d’une femme qui tombe amoureuse d’une autre femme sans qu’elle y soit préparée. Ce n’était qu’un roman dans une collection, un portrait parmi d’autres, un sujet qui me tenait à cœur au même titre que la violence conjugale ou la condition des femmes sans abri.

Et pourtant, lorsque j’ai écris ce roman, je me suis sentie dans un inconfort très important.

Le syndrome de l’imposteur : un obstacle à surmonter

Le syndrome de l’imposteur est un sentiment d’inadéquation qui peut affecter n’importe qui, y compris les écrivains non lesbiens qui osent écrire sur des sujets qui leur semblent éloignés de leur propre expérience. L’idée que “je ne suis pas lesbienne, donc je ne peux pas écrire une romance lesbienne valable” peut paralyser de nombreux auteurs. Elle ne m’a pas paralysée autant que prévu parce que j’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à écrire ce premier roman, mais au moment de le publier, j’ai eu beaucoup de sueurs froides. J’appréhendais bien plus que pour toutes mes autres publications.

Et puis les retours des lectrices m’ont rassurée. Lesbiennes ou non, elles avaient aimé. C’est cette validation qui m’a aidée à me décomplexer sur la question et à me dire que je pouvais écrire sur ce thème comme sur n’importe quel autre thème.

Ce roman ayant plu, je me suis aventurée à en écrire un deuxième. Et puis, j’ai créé La Perle, des histoires 100% lesbiennes. Le questionnement sur ma légitimité s’est alors progressivement évanoui.

Le mythe de l’authenticité

Souvent en écriture on se dit ne parle que de ce que tu connais sinon tu risques de te planter.

Être authentique est important. Écrire sur ce qu’on connait est parfois plaisant et surtout, facile. Cependant, en fiction, ce n’est absolument pas un pré-requis.

La fiction repose avant tout sur l’imagination, la créativité et la recherche. En tant qu’artistes de l’imaginaire, nous avons cette capacité à nous mettre dans la peau de personnages différents et d’explorer des expériences qui ne sont pas les nôtres. C’est d’ailleurs ce qui rend la fiction si fascinante – et addictive.

On peut tour à tout être lesbienne puis loup garou ou vampire, une femme d’affaires à succès ou une tueuse en série. Tout est possible en matière de fiction. S’il fallait être effectivement un vampire ou un tueur psychopathe peu de livres seraient écrits.

Alors, pourquoi en irait-il différemment pour les romances lesbiennes ? Une romance, c’est avant tout une histoire d’amour. Or les sentiments, quelle que soit l’orientation sexuelle des personnages, sont universels.

De mon point de vue, il n’est donc pas nécessaire d’être lesbienne pour écrire de la romance lesbienne de qualité. Ce qui compte le plus, c’est créer des personnages et des histoires authentiques et respectueuses de la diversité humaine. Des histoires qui nous tiennent à cœur et qui touchent les lecteurs.

Le syndrome de l’imposteur est certes un défi qu’il nous faut surmonter, mais je crois qu’il ne devrait pas nous empêcher de partager nos histoires avec le monde. Et quand on se demande si on est légitime ou non, il faut se rappeler que pour tous les autres genres littéraires, on ne se pose pas cette question.

Recent Comments

  • Marion
    13 septembre 2023 - 10h43 · Répondre

    Bien évidemment ! Cet article m’enlève les mots de la bouche. Il n’y a pas deux histoires de femmes qui se ressemblent, tout est imaginable dans les fictions lesbiennes. Si l’histoire plaît à l’auteure elle-même, elle trouvera son public, et ses détracteurs dans tous les cas. Et du coup ça me don e envie de lire La Perle, sur quelle plate-forme on le trouve ?

    • alicelipsey
      18 septembre 2023 - 12h26 · Répondre

      Bonjour Marion, La Perle est disponible sur Amazon, la Fnac, le site d’Homoromance Edition également. Exactement, cette approche est devenue la mienne quand il est question d’écrire de la romance lesbienne. Merci pour ce joli commentaire !

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