“La conteuse d’Auschwitz” de Siobhan Curham ou la magie des mots

Aujourd’hui, je souhaite vous parler du livre La conteuse d’Auschwitz de Siobhan Curham.

En tant que romancière, je suis toujours émue de voir à quel point les mots et l’imaginaire peuvent avoir une force incroyable. Si je n’en ai jamais douté, ce livre me l’a rappelé avec force.

La conteuse d’Auschwitz raconte l’histoire de Claudette, surnommée Etty, une jeune femme romancière déportée dans le camp de concentration d’Auschwitz pendant la Seconde Guerre mondiale. Malgré les horreurs qu’elle vit au quotidien, Etty trouve refuge dans les histoires qu’elle se raconte, et qu’elle raconte aux autres prisonnières. Ses récits deviennent ainsi une échappatoire, une lueur d’espoir dans l’obscurité. Ils les inspirent et leur permettent de surmonter l’enfer dans lequel elles se trouvent projetées.

Dans un monde où on nous avait dépouillées de tout, c’était réconfortant de savoir que nous avions encore quelque chose à quoi nous raccrocher. Nous pouvions encore contrôler les histoires que nous nous racontions à nous et aux autres.

Si la lectrice en moi a beaucoup aimé le roman, la romancière que je suis n’a pas manqué d’être touchée par la manière dont Siobhan Curham se sert de son métier, de l’imaginaire et de ses talents de conteuse pour offrir aux détenues une évasion mentale ô combien utile et réconfortante au milieu de l’insupportable. Une fois de plus, j’ai réalisé à quel point les mots peuvent être salutaires. Qu’on en ait ou non conscience, ils nous aident, ils nous permettent de nous évader, ils influencent nos pensées, notre état d’esprit, nos actions. Ils nous rendent aussi l’espoir quand on le pense perdu.

“Je voulais savoir si tu avais une histoire pour une personne qui sent qu’elle est en train de perdre espoir.” J’ai hoché la tête malgré le fait qu’il me semblait impossible d’inventer une histoire alors que j’étais tout juste capable de formuler une phrase. Mon cerveau épuisé semblait tourner au ralenti. Mais si Dora était prête à risquer sa vie pour sauver des étrangers, je remuerais ciel et terre pour trouver les mots qui l’aideraient. “ Viens me voir ce soir et je te raconterai une histoire.”

L’art de raconter des histoires est souvent perçu comme divertissant, mais quand il ne nous reste plus rien, quand on a tout perdu, même la maitrise de notre corps, pouvoir s’échapper par la pensée devient la chose la plus noble et importante qui soit ; c’en devient même une question de survie. La conteuse d’Auschwitz m’a rappelé cette vérité.

C’est pourquoi ce roman a profondément touché mon cœur de romancière et m’a rendue fière de chacun des romans que j’ai écrit, pour chaque lectrice qu’ils ont touchée.

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