Et si écrire un roman n’était qu’une affaire de priorités ?

Vous le savez, j’ai décidé que le mois de novembre serait le mois où j’écrirais le tome 6 de La Perle. Je voulais me servir du NanoWrimo pour relever ce défi, lequel, malgré tout, et vu mon rythme de vie, s’annonçait très audacieux.

Cet article est le récit d’une aventure où la détermination a été mon guide et la poursuite d’un objectif clair, la clé de la réussite.

Le défi choisi

Le mois de novembre est le mois de l’écriture. Le NanoWrimo. C’est un défi au cours duquel les auteurs et aspirants-auteurs se défient d’écrire 50 000 mots. C’est l’occasion d’écrire une histoire ou de reprendre un manuscrit planqué dans un tiroir.

Après avoir publié The Way She Looks, j’avais le projet de terminer ma série La Perle. J’avais commencé les six premiers chapitres et puis, comme souvent, la vie s’était mise en travers de mon chemin, me coupant dans mon élan – et mon inspiration.

J’ai donc saisi l’occasion du Nano pour reprendre tout ça et me mettre un ultimatum : le mois de novembre serait ma deadline.

L’avantage, qui est aussi un inconvénient et un piège, lorsqu’on est romancière indépendante, c’est que personne n’est dernière nous pour nous surveiller, nous pousser, exiger de nous que le travail soit fait à temps. Nous sommes totalement maîtresse de notre calendrier. Nous pouvons ainsi écrire un roman en un mois comme en six ou en douze. Personne ne nous dira jamais rien. Cet aspect, pas de compte à rendre, pas de patron, a certes de quoi faire rêver, mais il a ses effets pervers. Si on manque un tant soi peu de discipline et de rigueur, on ne produit jamais rien.

C’est pourquoi, je me suis mis ce coup de pied aux fesses. La Perle devait avoir son Tome 6, d’autant que je l’avais annoncé et que j’avais également décidé que La voix des femmes serait le dernier opus de la série. Après lui, ce serait le clap de fin pour mes héroïnes de South Beach.

Ma problématique majeure : le manque de temps

Tout est résumé dans ce titre, ou presque. Comment allais-je faire pour tenir la distance alors que je suis absente de chez moi de 7 h du matin à 19h, que j’ai un enfant ado, une compagne ? Comment parvenir à me dégager du temps pour écrire, alors que je me lève déjà à 5h15 chaque matin, que dans les transports j’ai tendance à terminer ma nuit, que le soir, je profite un peu de ma famille avant de sombrer et que depuis quelque temps, les migraines reviennent en force et que mes week-end sont aussi occupés ? Là était toute la difficulté.

J’ai commencé à par regarder du côté du NanoWrimo. Comme je sais que mes romans font en moyenne entre 50 000 et 60 000 mots, j’ai calculé qu’il me fallait écrire environ 1700 mots par jour. En soit, c’était faisable, surtout dans les moments inspirés. Je m’en savais largement capable. Restait juste à trouver le créneau.

La seule solution : les sacrifices volontaires

Dans la vie, j’ai toujours entendu “quand on veut, on peut”. Je ne suis pas certaine que ce soit vrai pour toute chose, mais je crois en revanche, que c’est vrai pour beaucoup de choses. Je crois que c’est exacte en particulier lorsque les obstacles sont de ceux qu’il est en notre pouvoir d’écarter.

Mon obstacle à moi était le temps. Je n’en avais pas. Du moins, je croyais ne pas en avoir suffisamment. Ecrire 2000 mots par jour est tout à fait envisageable, il me faut juste savoir quand. Eh bien ce quand, je l’ai trouvé.

Comment ai-je fait ? J’ai tout simplement renoncé à d’autres de mes activités. J’ai priorisé à fond.

Ainsi le matin, d’ordinaire, je me lève tôt pour pouvoir faire ma petite routine matinale :

  • écrire mes trois pages
  • écrire mon aventure financière dans un blog type journal perso
  • lire quelques articles/email
  • me préparer en douceur

Pendant quasiment un mois, j’ai renoncé à faire tout ça. Je me suis levée, j’ai pris mon café, et je me suis mise directement sur mon roman. Pas de journaling, pas de petit point financier. J’ai une heure devant moi chaque matin, je l’ai consacré à La Perle.

J’ai ainsi mis de côté certaines activités pour me consacrer entièrement à mon projet. C’est vrai que ma routine m’a manqué, écrire dans mon carnet m’a manqué, parfois même terriblement, mais c’est à ce prix que j’ai pu avancer. Et le meilleur restait à venir.

Les bienfaits inattendus de mes sacrifices

En me focalisant comme je l’ai fait sur mon manuscrit, une chose tout à fait inattendue est arrivée : je suis rentrée totalement dans mon histoire. Voilà plusieurs mois que j’ai connue ce qu’on peut appeler une traversée du désert. Les bouleversements de ma vie personnelle on fait que je me suis senti coupée de ma plume. J’ai eu l’impression qu’elle et moi n’étions plus sur la même longueur d’onde, que mon flow n’était plus là, que tout était un peu poussif, un peu forcée. L’écriture de The Way She Looks m’a un peu rassurée, malgré tout, je n’avais pas retrouvé les même réflexes, les mêmes sensations qu’auparavant. J’en avais d’ailleurs été effrayée. Un moment, je me suis sentie perdue, comme si, peut être, j’étais sur la voie de la normalité. Comme si j’allais perdre ce qui faisait que je m’étais sentie romancière toute ma vie. Et puis, en écrivant La voix des femmes, j’ai senti la magie opérer de nouveau. J’étais à fond, à nouveau dans ma bulle. Les scènes se déroulaient sous mes yeux. J’étais à South Beach, avec Diana et Margaux, avec les filles, je vivais et vibrais avec elle. Mon flow, ma créativité étaient revenus. Si j’avais pu être devant mon ordinateur 2, 3, 5 heures d’affilée, j’aurais adoré. Le roman se serait écrit en quelques jours plutôt qu’en quelques semaines.

Les leçons tirées

La détermination, le focus, la priorisation. Nous savons toutes ces choses. Nous savons à quel point elles sont déterminantes pour atteindre nos objectifs. Nous savons aussi qu’il est important d’en fixer pour arriver quelque part. Je crois que ce mois de novembre aura avant tout été une bonne piqûre de rappel. Il m’aura rappelé que tout est affaire de priorités mais aussi de sacrifices. Quoiqu’à bien y regarder, ce ne sont pas vraiment des sacrifices, plutôt des investissements stratégiques. J’ai déplacé mon temps sur quelque chose qui m’a également rapporté. Qui m’a même rapporté énormément.

Mon objectif d’écrire ce roman en un mois a été la boussole qui a guidé mes décisions et mes actions. Il m’a aussi complètement relancée en tant que romancière.

Conclusion : renouer avec le plaisir d’écrire n’a pas de prix

Au terme de ce mois de novembre, je regarde en arrière avec un sentiment de fierté.

Certes, j’ai atteint mon but et j’en suis très heureuse. Mais j’ai surtout renoué avec la romancière passionnée qui sommeillait depuis tellement longtemps, celle qui entrait dans sa bulle et laissait ses personnages la prendre par la main où qu’elle se trouve, celle qui ne manquait pas d’inspiration, qui imaginait des scènes même en pleine nuit. Au fil des mois, cette femme avait disparu.

Elle vient de faire son grand retour.

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