Ces derniers jours, j’ai vu passer des discussions un peu polémiques autour de romances écrites dans des contextes très sombres. Cela m’a amenée à me poser une question toute simple : Peut-on vraiment tout écrire en fiction et en romance ?
Peut-on utiliser tous les contextes, tous les décors, tous les traumas pour nourrir nos histoires ? N’y a-t-il pas des limites que l’on pourrait s’imposer, une forme d’autocensure consciente ou non : “pas ce sujet”, “pas ce héros”, “pas cette héroïne” ?
Pendant un moment, la dark romance a été au cœur de nombreuses polémiques parce qu’elle met en scène des histoire d’amour toxique, malsain, moralement choquant.
Des histoires qui peuvent mettre mal à l’aise et déranger, mais des histoires qui séduisent.
Il y a aussi les romances en temps de troubles, notamment en temps de guerre. Tomber amoureuse de son geôlier, de son bourreau, de celui ou de celle qui incarne le mal absolu.
Ces récits font polémiques. Ils sont jugés dérangeants. Pourtant, n’ont-ils pas leur place eux aussi ? Faut-il s’interdire d’écrire ce genre de romance ? Hier entre Juifs et Nazis, aujourd’hui entre Juifs et Palestiniens, entre Ukrainiens et Russes, etc ? N’est-il pas permis de penser que des histoires d’amour entre ennemis existent bel et bien ? N’est-il pas permis de l’imaginer ? De l’écrire ?
Éviter certains sujets parce qu’ils peuvent susciter la polémique, parce qu’ils bousculent, heurtent ou dérangent me semble dommage, d’autant que la fiction ne dépasse jamais la réalité. L’humain peut être victime ou bourreau, tomber très bas ou se relever, incarner le pire ou révéler le meilleur de lui. C’est qui nous sommes, et le monde dans lequel nous vivons.
Alors je ne crois pas qu’il y ait de sujets interdits. Mais je pense en revanche qu’il y a une façon de les traiter.
Dans mes romans, j’ai souvent choisi de mettre en scène des héroïnes au passé lourd, marqué par la douleur ou les épreuves. Oui, je les fais souffrir, parfois beaucoup.
Mais ce n’est jamais gratuit.
Au bout du chemin, il y a toujours une lueur : la résilience, la solidarité, et souvent l’amour, qui les aide à renaître plus fortes encore.
C’est exactement le cas dans mon prochain roman, Sans Filtre. Nour, l’une de mes héroïnes, a dû fuir le Liban après avoir subi une répression homophobe. Ce passé douloureux n’est pas là pour choquer, mais pour donner de la profondeur au personnage et montrer son courage.
Son histoire n’est pas seulement une romance, c’est aussi un chemin de reconstruction et d’espoir.
La fiction, surtout en romance, est destinée à divertir, à envoyer de belles émotions, à être une parenthèse divertissante. Mais elle peut aussi nous rappeler que l’amour existe même dans les contextes les plus inattendus.
Ce n’est pas ce que j’écris, mais je comprends le besoin qu’ont certaines de l’explorer.
Moi, je choisis de raconter d’autres formes de luttes. Celles de femmes brisées qui ont en elles la force d’aimer encore, de se battre encore.
De se relever, encore.
Et je continuerai.